L'illusion en amour
Par définition, l'être humain recherche de la nourriture, du sexe, de l'information et un statut social. C'est le moteur de notre évolution, sauf que ce circuit, appelé circuit de la récompense produit de la dopamine et il n'a pas de limite, car on recherche toujours et toujours plus ! On n'est jamais satisfait !
Les conséquences, c'est le désastre écologique puisque notre planète est limitée dans ses ressources. On ne peut pas être dans le toujours plus, il va falloir se limiter.
Ce qui rejoint ce que nous disait Platon, philosophe grecque en 428e siècle avant J.-C. : "l’être humain désir sans limite, et parce qu'il désir sans limite et il va être dans une frustration permanente, car chaque fois qu'il veut quelque chose, il voudra toujours autre chose ..."
Il y a aussi le mythe de la "flamme jumelle" ou "de l'âme sœur " qui est vraiment une quête de l'humain, mythe de l’androgénie de la complétude entre l'homme et la femme.
L'origine de ce mythe vient du banquet de Platon : "A l'origine nous étions un être unique, qui a été séparé en deux et on ne cesse de rechercher notre moitié. L'amour c'est de retrouver notre moitié, notre âme sœur".
Platon dit : "si nous recherchons toujours l’âme sœur c'est que nous avons la nostalgie, mais c'est la nostalgie du divin."
Pour Platon : "nous sommes d'origine divine, notre âme vient de Dieu, mais nous l'avons oublié, nous avons la nostalgie de retrouver le beau en soi, le bon en soi, de retrouver cette beauté du divin, comme nous ne savons pas que nous venons du Divin, nous allons rechercher dans l'humain ce besoin de complétude qui nous manque."
Mais c'est qu'une étape, à travers le désir du corps, de l’âme, de la relation amoureuse et puis ensuite l'amour des sciences, nous montons progressivement à travers une échelle ascendante, du désir qui va se projeter sur des êtres humains vers le désir du Divin et que l'amour va nous réunir au Divin, et que là nous allons être pleinement satisfait.
La recherche de l'âme sœur a quelque chose de positif, c'est qu'on a besoin de l'autre pour grandir, et que la relation à l'autre, même si on en attend trop, c'est quelque chose qui nous fait sortir de nous-même, c'est aussi un jeu de miroir, toutes ces expériences de la passion amoureuse, de la recherche de l'âme sœur, peuvent être des étapes au fond pour se chercher et puis à un moment donné avec l’expérience de la vie, on prend conscience qu' il y a beaucoup d'illusion dans tout cela, il faut déjà se trouver soi-même, c'est à travers la connaissance de soi, de nos affects, de nos désirs qu'on arrive de plus en plus à mieux orienter nos désirs vers des personnes qu'on regardera pour elle-même, et non pas à travers toutes nos projections. On passe à un autre niveau de l'amour. Il y a trois dimensions du désir et de l'amour :
Il y a la dimension de la passion amoureuse, c'est Éros, je prends, comme je projette sur l'autre, je vais chercher chez l'autre ce que j’attends, par rapport à mes manques, mes attentes mais on n'en a pas conscience. C'est la passion amoureuse qui a besoin de combler les manques. L'intensité et la durée de cet état passionnel varient en fonction de la force de ses projections sur l'autre. Il dure entre 6 mois et deux ans. La passion amoureuse a des vertus bénéfiques et instructives pour et sur soi, mais parce qu'elle est fondée sur le narcissisme et l'égocentrisme, elle ne peut être le seul socle de construction d'une vraie relation à deux. C'est en décidant d'apprécier son partenaire avec ses défauts et ses qualités, mais aussi en reprenant conscience de ce que l'on est, soi, hors du couple, que l'on peut glisser d'une passion déraisonnée à un amour plus constructif et apaisé. Pour résumer, on peut dire : la relation évolue sous le signe de l'amour charnel, chez les grecs c'est donc éros qui incarne ce type d'amour. Il s'agit du désir brûlant des corps.
Mais ce n'est pas suffisant, il faut Filia, la complicité, la tendresse, le partage avec l'autre (ami ou conjoint). On aime l'autre tel qu'il est, pour lui-même. Cet amour-amitié on a des projets communs, on se choisit mutuellement parce qu'on aime bien la présence de l'autre, on ne cherche pas à le changer, on lui pardonne, on le rend plus lucide s'il s'égare. On ne veut pas le ramener à nous en permanence. La relation amoureuse se fonde alors sur des bases solides : celles qui avaient conduit à l'amitié, du partage d'une passion commune à une communication très forte. Cet amour est nourri par une entente développée au fil du temps et des expériences partagées. Seule dérive possible, pris dans une connaissance mutuelle parfaite, les partenaires ne ressentent plus de curiosité ou de besoin de se séduire. La tiédeur émotionnelle s'installe, au risque de la lassitude et de l’envie de trouver ailleurs des "sensations" fortes.... Pour résumer, on peut dire : l'amour prend forme d'une amitié sincère entre les êtres. Il s'agit d'un souci de l'autre. Il prend notamment la forme de la solidarité ou de l'amitié. Philia rend possible toute vie en communauté.
Pour couronner, c'est l'amour profond, universel, inconditionnel, c'est Agapé. On le trouve dans les grands courant spirituel. C'est cette idée qu'il y a plus de joie à donner qu'à recevoir, c'est le don de soi. On se développe dans le don. C'est l'amour alliant désir et raison : on sait vivre "libres ensemble", on s'aime, mais on ne s'appartient pas. L'amour profond commence avec la prise de conscience de ce qu'est l'autre réellement, loin des fantasmes. Il suppose une bonne compréhension de soi-même et de l'autre, mais aussi de savoir déjouer les pièges et mécanismes qui nous lient au passé et qui entraînent la dépendance. Cet amour réunit trois éléments : moi, l'autre et la relation. Il peut y avoir "harmonie, conflit, joie, tristesse..." peu importe. Ce qui est fondamental, c'est que les deux partenaires restent indépendants et se rejoignent ensuite dans le couple pour le nourrir de projets, d'envies, d'expériences à partager. Pour résumer, on peut dire : l'amour peut s'incarner dans une forme plus universelle : Agapé qui est un don désintéressé et sans contrepartie. Chez les chrétiens, ce type d'amour s'exprime par la charité. Il s'agit d'un amour sans égo dirait les bouddhistes.
Un couple fonctionne bien, car il y a ces trois dimensions. S'il n'y a pas le désir sexuel et un peu de passion on s’ennuie, si il n'y a pas d'amitié ça ne dure jamais, car la passion et le désir retombent et il faut qu'il y ait de la complicité et du plaisir à être ensemble, et s'il n'y a pas d'amour inconditionnel il n'y a pas le pardon, or il y a toujours des blessures dans un couple.
Le maître mot est respect dans un couple, respect de soi, être à l'écoute de ses propres désirs, ne pas s'oublier pour l'autre et respecter les besoins de l'autre.
La relation sexuelle doit nous conduire à plus, à l'amour de l'âme, de dieu, qui relie tout. La sexualité est une expérience de base qui doit nous permettre d'aller plus loin, jusqu'au Divin. A travers la sexualité, on peut expérimenter quelque chose de très spirituel.
En astrologie, c'est la planète Neptune qui illusionne, il faut regarder les aspects que votre Neptune fait dans votre thème natal. Besoin d'aide contactez-moi.
Avec amour ♥️
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompés en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
Alfred de Musset
"on ne badine pas avec amour"
L'amour est tout le contraire d'un bonheur, car l'amour n'est lié qu'à l'attente et l'attente est lié à l'absence, donc il n'y a d'amour qu'inquiet, angoissé,
jaloux.
La possession, par ailleurs qui devrait le rendre heureux, l'éteint. Il n'y a plus d'amour, aussitôt que nous possédons.
L'amour alterne donc la souffrance à l'ennui : elle est absente, je m'angoisse, je souffre. Elle est présente, je m'ennuie et je souffre de ne pas la quitter !
Nicolas Grimaldi
Philosophe et professeur émérite à l'Université Paris IV-Sorbonne
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