L'Ouroboros, cycles répétitifs

Horus enfant sur un disque solaire enveloppé d'un ouroboros reposant sur les lions d'Akhet (papyrus Dama-Heroub, 21e dynastie)
Horus enfant sur un disque solaire enveloppé d'un ouroboros reposant sur les lions d'Akhet (papyrus Dama-Heroub, 21e dynastie)

L'origine de l'Ouroboros ?

L’Ouroboros est un symbole ancien représentant un serpent ou un dragon qui se mord la queue, formant un cercle. Son origine remonte à plusieurs cultures antiques et il est chargé de significations symboliques profondes.

 

L'une des premières apparitions connues de l’Ouroboros se trouve dans l'Égypte ancienne, notamment dans des textes funéraires et des représentations religieuses. Par exemple, il apparaît dans le Papyrus de la prêtresse Taouat (vers 14e siècle avant J.-C.). Là, il est souvent associé à la cosmologie, symbolisant l'éternité, le cycle de la vie et la continuité.

 

Les Grecs anciens ont adopté et développé le symbole, notamment à travers l’alchimie et la philosophie. Le mot "Ouroboros" vient du grec ancien οὐροβόρος (oura, "queue", et bora, "manger"), signifiant littéralement "celui qui mange sa queue".

Chez les philosophes grecs comme Héraclite, le cercle de l'ouroboros illustre les cycles de destruction et de renouveau, une métaphore de l’univers en perpétuel mouvement.

 

En alchimie, le symbole apparaît dans des textes hermétiques et symbolise la transformation perpétuelle de la matière (la dissolution et la coagulation).

 

Un concept similaire se retrouve dans la mythologie nordique avec le serpent Jörmungandr, qui entoure le monde et se mord la queue. Bien que distinct de l’ouroboros dans son origine, Jörmungandr partage des thèmes communs, notamment l'idée de cycles cosmiques et de destruction.

 

Dans les traditions hindoues et bouddhistes, il existe des représentations proches, comme le serpent Ananta ou Shesha, qui est infini et représente l'éternité et la continuité de l'univers.

 

Ce motif est devenu un symbole alchimique central au Moyen Âge et a perduré dans des traditions ésotériques jusqu’à aujourd’hui.

 

Gravure sur la tombe de Toutânkhamon (1327 AV.J.-C.)
Gravure sur la tombe de Toutânkhamon (1327 AV.J.-C.)

Quel est son symbolisme?

 

Le serpent qui se mord la queue, symbolise un cycle d'évolution refermée sur lui-même. Ce symbole renferme les idées de mouvement, de continuité, d'autofécondation et, en conséquence, d'éternel retour. Il se dévore lui-même à l'image du temps qui s'écoule, qui passe et se recrée de lui-même éternellement, comme les mues du serpent, celles des métamorphoses et des réincarnations.

 

L’Ouroboros, en se mordant la queue, symbolise un cycle éternel, mais aussi une sorte d'auto-renouvellement perpétuel, où la fin devient le début. Il symbolise l’éternel retour, le cycle infini de la création et de la destruction, où la fin est inséparable du commencement.

 

La forme circulaire a donné lieu à une autre interprétation : l'union du monde chthonien (divinités telluriques) figuré par le serpent, et du monde céleste, figuré par le cercle. Cette interprétation serait confirmée par le fait que l’Ouroboros, dans certaines représentations, serait moitié noir, moitié blanc. Il signifierait ainsi l'union de deux principes opposés, soit le ciel et la terre, soit le bien et le mal, soit le jour et la nuit, soit le yang et le yin. Cette symbolique peut être comparée à la dualité présente en chaque être humain, l’humain porte en lui des opposés, comme la joie et la tristesse, le bien et le mal, le rationnel et l’irrationnel. Ces forces opposées coexistent et forment un tout. L’Ouroboros enseigne que l’harmonie vient de l’acceptation de ces contradictions, une leçon qui s’applique à la quête humaine de paix intérieure.

 

Une autre interprétation, celle du serpent qui se mord la queue, en dessinant une forme circulaire, rompt avec une évolution linéaire, marque un changement tel qu'il semble émerger à un niveau d'être supérieur, le niveau de l'être céleste, il transcende ainsi le niveau de l'animalité, pour avancer dans le sens de la plus fondamentale pulsion de vie, mais cette interprétation ascendante ne repose que sur la symbolique du cercle, figure d'une perfection céleste. Au contraire, le serpent qui se mord la queue, qui ne cesse de tourner sur lui-même, s'enferme dans son propre cycle, évoque la roue des existences, le samsara, comme condamné à ne jamais échapper à son cycle pour s'élever à un niveau supérieur, il symbolise alors le perpétuel retour, le cercle indéfini des renaissances, la continuelle répétition, qui trahit la prédominance d'une fondamentale pulsion de mort.

 

L’Ouroboros, dans sa forme circulaire, évoque l’idée de l’éternel retour (concept popularisé par Nietzsche), l’idée que tout ce qui arrive est voué à se répéter dans un cycle infini. Les êtres humains vivent souvent des schémas récurrents : des erreurs répétées, des leçons apprises puis oubliées, ou des défis qui reviennent sous une autre forme. Comme l’Ouroboros, l’homme cherche souvent à se « refermer sur lui-même », en explorant qui il est et en trouvant des réponses en son for intérieur. L’Ouroboros illustre aussi l’idée que l’homme peut se recréer continuellement, en tirant de nouvelles forces de ses expériences passées.

 

Dans certaines interprétations, l’Ouroboros symbolise l’autosuffisance et la complétude. L’être humain peut également chercher à s’épanouir par lui-même, trouver un équilibre et une satisfaction intérieure sans dépendre des autres ou devenir entier, l’Ouroboros enseigne que la plénitude vient de l’unité intérieure, une leçon applicable à chaque individu qui cherche à se comprendre pleinement.

 

Certaines traditions philosophiques ou ésotériques peuvent utiliser le rapprochement entre l’Ouroboros et le scorpion pour explorer des thèmes d'auto-analyse, d'autosuffisance ou de transformation profonde. Ainsi, bien que leurs significations ne soient pas identiques, ils partagent des idées liées aux cycles, à la transformation et à la dualité de destruction/création.

 

En somme, l’Ouroboros est un symbole riche qui reflète parfaitement la vie humaine, tant sur le plan individuel que collectif. Il incarne les cycles, les contradictions, et le potentiel infini de transformation, tout en rappelant la fragilité et la complexité de l’existence humaine. En ce sens, l’Ouroboros peut être vu comme une métaphore universelle de ce que signifie être humain.

 

Namaste 🙏

 

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